Considère-t-on vraiment l’expérience ?
En France, il est courant de se définir par les diplômes obtenus durant la jeunesse. Les cadres et dirigeants se présentent souvent en mentionnant leur année de promotion dans des grandes écoles comme HEC ou l'ENA. Mais Jusqu’où peut-on nier la valeur de l’expérience ?
Une obsession culturelle
L’obsession des diplômes est également présente dans l'éducation nationale. Les professeurs ayant réussi l'agrégation enseignent moins d'heures et sont mieux payés que ceux qui ne l'ont pas obtenue. Et cette différence de traitement persiste tout au long de leur carrière.
Une question de prestige social
Le système éducatif français, avec ses grandes écoles et ses concours, a longtemps été considéré comme un modèle d'excellence. Cette tradition a ancré l'idée que les diplômes sont le meilleur indicateur des compétences d'un individu. Plusieurs conventions collectives en France lient même les salaires et les postes aux niveaux de diplômes.
Évolution des critères de recrutement ?
Depuis plusieurs années, il est dit que de plus en plus d'entreprises accordent de l'importance aux compétences et à l'expérience. Les anglicismes ont naturellement fait leur chemin pour expliquer ces notions : les hard skills sont ainsi des compétences tangibles et techniques, souvent évaluées par un diplôme ou une certification. Selon le baromètre des soft skills 2024 de Lefebvre Dalloz, ces aptitudes ne suffiraient plus. Les entreprises privilégieraient désormais les compétences relationnelles, appelées donc soft skills.
Importance croissante du savoir-être
Selon le baromètre les entreprises rechercheraient donc de plus en plus des managers et des collaborateurs capables de s'adapter, d'évoluer rapidement et de rebondir efficacement face à l'imprévu, sans forcément qu’un diplôme vienne appuyer leur fonction. Le rapport du Forum Économique Mondial met d’ailleurs en évidence l'importance croissante accordée à des compétences telles que la pensée créative, la motivation, la conscience de soi, la curiosité et la capacité d'apprentissage.
La France se trouve à un carrefour concernant la rigidité de son marché de l'emploi. D'un côté, le système éducatif et les conventions collectives continuent de privilégier les diplômes comme indicateur principal des compétences. De l'autre, les entreprises montreraient une tendance croissante à valoriser les compétences relationnelles et l'expérience. Il devient alors crucial de changer de paradigme pour favoriser l'insertion professionnelle et répondre aux besoins d'un marché du travail en constante évolution.